Le Golden Gate Bridge est un ouvrage d’acier incontournable de San Francisco. Ce « pont impossible à construire » d’autrefois fait partie aujourd’hui des sept merveilles du monde moderne. Inauguré en 1937, ses quatre ans de travaux cachent des prouesses techniques et humaines que nous devons à l’ingénieur, Joseph Strauss. Découvrir ce monument, c’est aller à la rencontre des émotions insoupçonnées.
Arrivée à San Francisco, voir au plus près le Golden Gate Bridge a été la réalisation d’un de mes rêves.
Ce pont suspendu relie la ville de San Francisco à celle de Sausalito, en Californie. Le nom du pont tient son origine du détroit du Golden Gate, point d’entrée de l’océan Pacifique dans la baie de San Francisco.
Ce pont orange, « star » dans les séries télévisées et films, m’a donné envie de découvrir les Etats-Unis. J’ai visité cinq fois ce pays. A chaque fois, il exerce une attractivité puissante: énergie infinie et business « Yes we can ». Pas étonnant qu’une une activité économique se concentre au sud de la baie de San Francisco, au cœur des villes geeks: Silicon Valley, Santa Clara ou Palo Alto. Les sociétés high-tech (HP, Intel, Sun Microsystems…) et du web (Twitter, le « Gafa » dont Google, Apple, Facebook et Amazon…) ont établi leurs sièges sociaux.
Le Golden Gate Bridge a ce pouvoir d’attirer l’entreprenariat … et regorge d’une force liée la construction invraisemblable de son pont!
Faire partie des 7 merveilles du monde moderne
4ème merveille du monde moderne, le Golden Gate Bridge est un pont suspendu en acier inauguré en 1937.
Une merveille qui a été reconnue pour ses prouesses architecturales et techniques mises en œuvre à l’époque de sa construction:
- le plus long pont suspendu du monde
- 1.280 mètres entre ses 2 tours
- 1.970 mètres de long en totalité
- 2 tours de 230 mètres de hauteur, fixent au sol cette suspension unique
- Câbles de 92 cm d’épaisseur, en fils d’acier tressés totalisent 128.750 km de câbles environ, équivalents à 3 fois le tour de la terre
- des plongeurs éprouvés par les eaux de deux directions contraires, au cours des 4 années de construction
- notamment au début des travaux, chargés de dynamite afin de faire céder la roche à 30 mètres sous le niveau des eaux
- les scaphandriers, en charge de la structure par le port des poutres et panneaux de béton, ont travaillé sous l’eau glacée et boueuses avec l’absence de visibilité
Les autres merveilles du monde moderne du XXème sont:
- Le Tunnel sous la Manche, reliant la France et l’Angleterre
- La Tour CN (Canadien National) à Toronto, Canada
- L’Empire State Building à New York, Etats-Unis
- Le Barrage d’Itaipu, reliant le Brésil et le Paraguay
- Le Plan Delta, au Pays-Bas
- le Canal de Panama
Tous ces ouvrages architecturaux et modernes ont été récompensés par l’American Society of Civil Engineers.
« Golden Gate » : pourquoi la baie porte t-elle ce nom ?
La baie de San Francisco doit son nom de « Golden Gate » (Porte d’Or) à un visionnaire, John C. Fremont. Ingénieur et géographe dans l’armée américaine, il nomme cette baie Golden Gate durant l’été 1846 en comparaison avec le port byzantin (Istanbul) où circulaient les richesses de l’Orient jusqu’à la fin du XIIième siècle.
San Francisco était prédestiné à être une plateforme économique!
Pourquoi le pont est-il orange ?
Il s’agit de la réaction d’une couche anticorrosion posée sur l’acier qui a donné cette couleur « international orange » (orange international). Cette couleur, provisoire à l’origine, a su s’imposer dans le paysage de San Francisco pour des raisons techniques et pratiques:
- Résistance aux intempéries
- Visibilité par temps de brouillard
Sa couleur orange facilite la visibilité routière, maritime et aérienne. La couleur acier aurait été désastreuse voire dangereuse.
20.000 à 38.000 litres de peinture par an sont nécessaires pour entretenir cette belle de fer. Selon la météo, elle apparaît, semble t-il en orange, vermillon, rouge ou rouge brique.
Prison d’Alcatraz, émotions
Découvrir le Golden Gate par la baie de San Francisco est magique et surtout, émouvant. Cette baie accueille aussi l’île d’Alcatraz avec sa prison en ruines et bâtiments grisâtres qui contrastent avec la couleur orange ostentatoire du Golden Gate.
L’île servait de prison militaire dès 1868 puis de prison fédérale (1933-1963), caractérisée par une surveillance et une sécurité sévères. La baie offre à la prison deux barrières naturelles qui dissuadaient toutes tentatives d’évasion:
- des eaux glaciales, autour de 7° C au plus bas
- des courants violents, les remous peuvent atteindre 95 km par heure
Bilan des évadés en 29 ans, de 1934 à 1963:
- 36 détenus ont essayé de s’évader
- Dont 3 se sont enfuis par la mer et n’ont jamais été retrouvés
Aujourd’hui, l’île est un lieu touristique et site naturel qui accueille:
- plus d’un million de personnes par an
- un sanctuaire pour les oiseaux sauvages
- des jardins abritent 73 espèces de plantes
Ces espaces verts, destinés autrefois aux gardiens et à leurs familles, étaient entretenus par les détenus. Sa restauration par le végétal permet aujourd’hui, de donner vie en mémoire à ce lieu carcéral.
Historique
La construction du Golden Gate Bridge a débuté en 1933, favorisée par les conséquences de la crise financière de 1929. Sous l’impulsion du Président Président Franklin D. Roosevelt, ce projet avait pour vocation de créer des emplois dans les travaux publics. Ces derniers avaient été financés par les fonds fédéraux afin d’enrayer la Grande Dépression que le pays traversait.
Joseph Strauss, un ingénieur d’origine allemande spécialisé dans la construction de ponts, était en charge du Golden Gate Bridge. « Le pont impossible à construire » était en chantier pendant quatre ans. Inauguré le 27 mai 1937, le pont du Golden Gate fut ouvert aux piétons puis le lendemain, aux véhicules.
La construction du pont avait coûté 35 millions de dollars dont une partie avait été consacrée aux mesures de sécurité. Exceptionnelles pour l’époque!
Prévention et sécurité sur le chantier
A l’époque, un accident mortel était recensé pour chaque million de dollar dépensé. Par conséquent, à 35 millions de dollars, le Golden Gate Bridge allait coûter la vie à 35 personnes. Cependant, Joseph Strauss se battait contre ces données statistiques. Il déployait des moyens de sécurité, une exception à l’époque, afin d’assurer la vie des ouvriers sur le chantier:
- Port du casque obligatoire, avec des contrôles et sanctions
- Installation d’un filet de sécurité dès 1936
Témoignages (en anglais) des ouvriers de l’époque, décédés aujourd’hui:
Ce filet permettait d’amortir toute chute de personne ou d’objet. Ce filet était en suspension sous la travée en construction, suspendu à plusieurs mètres au dessus de l’eau.
La construction du pont relève donc d’une belle performance technique et humaine:
- 19 vies sauvées grâce au filet, ces hommes ont créé un club baptisé Halfway-to-hell (à mi-chemin de l’enfer)
- 1 accident mortel en 1936
- 10 accidents mortels en février 1937, 3 mois avant l’inauguration de la fin des travaux
Pour ce dernier accident, le filet n’a pas pu empêcher l’écroulement d’une partie de la plate-forme près de la tour nord. La structure de cinq tonnes a fait céder le filet entraînant les onze hommes dans les eaux. Seul un homme a pu en sortir vivant.
Avec onze morts totalisés sur les quatre ans de construction du pont, Joseph Strauss a divisé par trois le nombre de morts, moyenne évaluée pour une construction de l’époque.
Quelques chiffres
Souplesse
- Balancement de plus de 2 mètres
- Résistance au vent de 160 km/h
Circulation
- 30 mètres de large
- 6 voies dédiées au trafic automobile
- 2 allées réservées aux piétons de chaque côté
Rivet et peinture
- 600.000 rivets pour chacune des 2 tours
- 25 peintres en équilibriste par semaine
- 20.000 à 38.000 litres de peinture par an
Du Pont du Golden Gate, je garde le souvenir d’un monument d’architecture majestueux, coloré et baigné d’émotions de par son histoire et sa proximité avec la prison d’Alcatraz. A l’image des Etats-Unis, cette baie de San Francisco est plein de contrastes avec une énergie bouillonnante de progrès, défiant l’impossible.
Et vous?
Avez-vous déjà visité San Francisco et traversé le Golden Gate Bridge? Partagez votre expérience dans la partie commentaires ci-dessous.
11 Comments
Ce site est très beau, épuré, accessible et lisible. Il donne envie d’être lu, même si je n’y connais rien dans ce domaine. Les spécialistes d’architecture et RSE devraient y trouver leur compte.
Merci Georges pour vos compliments sincères. Bienvenue aux Architecte et professionnels de la RSE 😉
Quel beau et émouvant reportage !
Merci Sylvie. J’ai donc bien retranscrit la magie de cet ouvrage d’architecture de San Francisco;-)
Très beau site, agréable à feuilleter comme un livre, facile d’emploi.
La construction du Golden Gate Bridge y est particulièrement réussie. On y découvre de nombreux aspects inédits.
Félicitations et Merci pour ce nouveau site.
Merci à vous Francis 😉
Intéressant, clair, compréhensible, accessible à toutes et à tous.
J’ai eu l’occasion de visiter la Californie, notamment San Fransisco en voyage organisé. La présence d’un guide ne m’a pas permis d’obtenir autant d’informations sur ce bel ouvrage.
La vidéo est en anglais, j’ai compris l’essentiel mais une traduction en sous titre serait bien.
La synthèse sur les travaux et sur l’historique est très bien.
Excellent Job, je ne vois que du positif à ce nouveau site.
Merci Christian. La conquête de l’Ouest vous a conquis aussi, alors;-)
Beau reportage sur le Golden Gate Bridge, surtout intéressant pour les informations sur sa construction.
J’ai personnellement eu l’occasion de le parcourir à vélo. C’est un beau parcours quelque peu venteux.
Vive les architectes! (et celles qui en parlent)
Merci Sylvain 😉 Fantastique votre visite en vélo à San Francisco malgré ce vent terrible et fidèle à cette ville!
Si vous aimez l’Amérique, une surprise vous attend dans quelques jours. Abonnez-vous;-) Si c’est déjà fait, partagez autour de vous 🙂
Vous avez oublié le Pont de MILLAU en Aveyron..